Correction du DM n° 1

Statistiques :

- 46 copies rendues pour 48 présents en cours (66 inscrits au total), soit 96 % de participants à un DM non noté.

Traduction corrigée :

(/10) = note la plus basse : 1,55 / note la plus haute : 8,6 / moyenne : 6,02


v. 1810 Tous ses cheveux étaient détachés, et ils étaient tels que
quiconque les voyait pouvait bien croire, si c'était possible,
qu'ils n'étaient qu'or pur,
tant ils étaient blonds et brillants.

v. 1815 Elle avait le front blanc, dégagé et lisse,
comme travaillé à la main
par un artiste qui l'aurait taillé
dans la pierre, l'ivoire ou le bois.

Ses sourcils étaient bruns et sensiblement écartés ;
v. 1820 ses yeux éclairaient son visage,
rieurs, vifs et en amande.

Elle avait le nez droit et fin,
et l'accord du vermeil et du blanc
lui seyait mieux au teint
v. 1825 que celui du sinople et de l'argent.

Dieu fit d'elle une pure merveille
pour ravir la raison et le coeur des gens ;
jamais plus il ne fit sa pareille
et jamais auparavant il n'en avait faite.

conseils :
- lisez les notes et mots expliqués

Morphosyntaxe corrigée :

Type 1 : les adjectifs biformes
Les adjectifs biformes sont issus des adjectifs latins de première classe. C'est sur ce modèle que se déclinent les participes passés en ancien français. Il y a avait 12 adjectifs de premier type dans notre texte :
deslïee (v.1) = participe passé à fonction d'adjectif qualificatif (attribut du sujet chevos) mais n'était pas à relever.
fin (v.4) = CRS, masculin.
sor (v.5) = sor / sore CSP, masculin.
blanc (v.6) = CRS, masculin.
haut (v.6) = CRS, masculin.
plain (v.6) = CRS, masculin.
brunez (v.10) = CRP, féminin
large (v.10) = larc / large : CRP, féminin. (remarque sur le -s manquant)
vair (v.12) = vair / vaire : CSP, masculin.
cler (v.12) = CSP, masculin.
fandu (v.12) = participe passé à fonction d'adjectif qualificatif (attribut du sujet oel) : CSP, masculin.
estendu (v.12) = participe passé à fonction d'adjectif qualificatif (attribut du sujet nés) : CRS, masculin.

Type 2 : les adjectifs épicènes
Les adjectifs épicènes regroupent les masculins en -e et en -re ainsi que les féminins sans -e. La différence entre formes masculines et formes féminines n'est que casuelle et non morphologique. Cette déclinaison est également utilisée pour toutes les formes en -ant qui se déclinent. Il y avait 3 adjectifs du deuxième type dans notre texte :
luisant (v.5) = adjectif verbal (adjectif dérivé du participe présent d'un verbe) CSP, masculin.
riant (v.12) = adjectif verbal : CSP, masculin.
droit (v.13) = vient de dexter qui a donné destre : CRS, masculin.

Type 3 : les adjectifs à deux ou trois bases
Les adjectifs à deux ou trois bases sont très rares. Il s'agit des comparatifs latins synthétiques en -ior, iorem. Il n'y avait pas d'adjectif de ce type dans notre texte, miauz du v.14 étant dans ce cas précis un adverbe.

Il n'y avait aucun adjectif indéclinable dans notre texte.

conseils :
- faites attention aux consignes pour ne pas oublier une partie de l'exercice.
- reprenez la leçon pour expliquer chaque type.


Vocabulaire corrigé :


MERVOILLE
Sens contextuel
Le substantif mervoille est ici au cas régime singulier. Notons son orthographe particulière, graphie dialectale de l'Est correspondant au français commun merveille. Par un phénomène d'agglutination, notre occurrence se retrouve soudée à pass - qui a ici le rôle d'un superlatif - et devient alors un substantif masculin ; elle signifie alors "chose extraordinaire, qui est au dessus du merveilleux". La demoiselle de notre extrait nous est donc décrite comme "la plus belle créature de Dieu qui soit", sa beauté dépassant quasiment l'entendement.
Etymon
Le nom vient d'un pluriel neutre *mirabilia qui signifie "choses étonnantes, admirables"et qui se trouve altéré par le latin du Nord de la Gaule en *miribilia par l'assimilation de l'a aux deux i qui l'entourent. Ce nom est dérivé du verbe mirari, "contempler" puis "s'étonner".
Ancien français
Le mot est attesté vers 1050. C'est le phénomène aussi bien splendide que terrible qui provoque l'étonnement, l'admiration ou la crainte ; c'est le prodige ou le miracle inexplicable. Le nom va entrer dans un certain nombre de locutions verbales ou adverbiales ; dans ces emplois il peut prendre un -s adverbial. Voici un exemple : c'est merveilles signifie "c'est stupéfiant".
Vers le français moderne
Le sens étymologique courant en ancien français se trouve aujourd'hui vieilli. On le retrouve pourtant dans le titre de certains ouvrages littéraires, tels Le Livre des Merveilles de Marco Polo et Alice au pays des Merveilles de Lewis Caroll, ainsi que dans certaines expressions comme promettre monts et merveilles, à traduire par "promettre des choses extraordinaires perçues comme irréalisables".
Le sens moderne apparaissant au XVIe siècle est plus restreint. Merveille peut alors être une chose qui suscite une très grande admiration (Les sept merveilles du monde), ce qui est très bien, agréable, séduisant (faire merveille, se porter à merveille) une catégorie du fantastique en littérature (le merveilleux) ou bien un beignet de pâte frite découpée.
Paradigme morphologique
Se situent dans le paradigme morphologique de merveille : l'adjectif merveilleux, qui sera employé pour désigner une catégorie littéraire, le verbe émerveiller et le nom émerveillement, tous deux présents dès le XIIe siècle et toujours utilisés actuellement. Mirer, miroir et miroiter ne sont plus guère sentis comme étant de la même famille.
Paradigme sémantique
Le champ lexical de merveille regroupe tout ce qui relève du merveilleux chrétien (miracle), du merveilleux lié aux phénomènes naturels, des enchantements et de la magie.


CUIDAST
Sens contextuel
Il s'agit du verbe cuidier. Notre occurrence est à la troisième personne du singulier (de l'imparfait du subjonctif) et a pour sujet "qui" : le sujet n'est pas clairement nommé, conférant ainsi un caractère de vérité générale à l'énoncé. Le trait sémantique du doute et de l'erreur est ici présent : "N'importe qui, quiconque voyait ces cheveux pouvait les croire faits d'or".
Etymon
Ce verbe provient du latin cogitare, "agiter, remuer des pensées", formé à partir du préfixe cum et du verbe agitare.
Ancien français
Le verbe cuidier apparait au XIe siècle. et renvoie à une croyance mal fondée liée à la subjectivité du locuteur : il prend le sens de "supposer, prétendre, croire à tort" et d'"imaginer". Dans le sens d'"imaginer à tort", "croire sans fondement", cuidier s'oppose aussi bien à croire qu'à penser.
Vers le français moderne
Le terme va vieillir rapidement en moyen français puis disparaître complètement en français préclassique. A la fin du Moyen-Âge apparaît son doublet savant cogiter, "mélanger ses pensées", "réfléchir de manière laborieuse, souvent inefficace". Ce dernier subsiste aujourd'hui en français moderne tout comme outrecuidant et outrecuidance, où l'on retrouve le sème de l'erreur dans le jugement, mais appliqué à soi-même.
Paradigme morphologique
Apparaissent dans le paradigme morphologique de cuidier le substantif cuideor ("le présomptueux, l'arrogant"), les substantifs féminins sorcuidance et outrecuidance (marquant la "confiance excessive en soi"), les verbes sorcuidier et outrecuidier ("être présomptueux"), et leurs participes présent sorcuidant et outrecuidant.
Paradigme sémantique
Le champ lexical de cuidier regroupe les verbes croire et penser.