Appel à communication :Expériences oniriques du Moyen Age au XVIIIe siècle


Sujet : Expériences oniriques du Moyen Age au XVIIIe siècle
Lieu : Université d'Artois (Pôle d'Arras)
Date : 30 et 31 mai 2013
A rendre pour le : 30 juin 2012
Contacts : mireille.demaules@wanadoo.fr

Problématique :

À côté du songe, il existe diverses expériences merveilleuses de la vie de l’esprit : la vision, l’extase, la transe et l’hallucination auditive, qui créent un monde alternatif au monde réel et dont nous nous proposons d’étudier les représentations artistiques et théoriques. En raison de leur étrangeté, du travail de figuration qu’elles supposent et des effets de sens qu’elles produisent, elles ont traversé la littérature et les arts depuis l’Antiquité. La variété des contextes littéraires et culturels où elles apparaissent (poésie, théâtre, roman, épopée, écrits de l’intime, traités démonologiques et arts plastiques) appelle une réflexion pluridisciplinaire et trans-séculaire. L’un des objectifs de la manifestation est de faire converger vers un objet d’étude à facettes multiples des réflexions théoriques relevant des sciences humaines, de la critique littéraire et de l’histoire des idées. Trois pistes de réflexion seront privilégiées.
1. La théorisation et la dénomination de ces états : par des études de cas, mais aussi des analyses lexicologiques, menées sur les langues anciennes et les langues vernaculaires du domaine européen, il conviendrait de définir ces diverses expériences oniriques et de dégager les critères permettant de les discriminer. Si l’usage contemporain définit le rêve comme une expérience à l’intérieur du sommeil par opposition à l’apparition ou à la vision surgie à l’état de veille, il n’en a pas été toujours ainsi. En effet songe et vision sont parfois synonymes en ancien français et la vision peut n’être qu’une espèce particulière de songe. Quels sont les critères qui permettent dès lors de distinguer un songe, d’un rêve, ou d’une vision ? Une attention particulière sera portée aux écrits théoriques témoignant d’un essai de définition de ces phénomènes : traités médicaux, traités de démonologie, de théologie, essais scientifiques écrits durant la période considérée.
2. La rhétorique des expériences oniriques : ces expériences relèvent du champ poétique de la merveille. Par leur mystère et leur étrangeté, elles introduisent toute une série de ruptures avec l’ordre naturel des choses. Elles ouvrent sur une autre scène, sur un autre monde, foisonnants d’images, de métamorphoses et de paroles incongrues, parfois lourdes de sens. Les hommes, les dieux et les animaux, parfois même les végétaux, y communiquent entre eux, les abstractions s’y incarnent sous forme de personnifications bavardes, les morts s’y pressent pour rencontrer les vivants, les tourmenter ou leur donner une leçon de vie, un avertissement pour leur salut. On s’intéressera aux modalités de la représentation de ces états, au merveilleux qui les anime et aux discours qui entrent dans leur constellation : prophétie, oracle, prosopopée, figuration et interprétation symboliques. On pourra à ce sujet s’interroger sur la nature du merveilleux produit par ces expériences : est-il extérieur ou intérieur à l’homme ? Ces réflexions devraient amener à redéfinir le concept esthétique d’onirisme, qui fonde un lien entre création et rêve éveillé.
3. Les destinataires et la signification de ces expériences : on s’interrogera sur le statut spécifique de l’être qui est le siège ou le destinataire de telles expériences. On se demandera en particulier s’il existe un âge, des circonstances de la vie ou de l’Histoire propices à ce type d’expérience. Ces phénomènes ou états paranormaux s’inscrivent en général dans des scénarios de formation, de conversion, de crise (intérieure ou mystique), de possession ou de désappropriation de soi. Si leur fonction est traditionnellement oraculaire, ils prennent au cours de l’Histoire des valeurs plus diversifiées, peuvent être liés au souvenir ou à la méditation sur le présent. Ils reflètent dans tous les cas la conception de la personne humaine, reliée ou non à une divinité, insérée ou non à groupe familial et social. Au-delà ils apportent de précieux renseignements sur la représentation de l’homme comme être divisé.